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Transformer le milieu pour transformer la masse des individus, telle est la solution révolutionnaire. « Le salut est en vous », disent, au contraire, avec Tolstoï les réformateurs mystiques, oubliant le monde pour vivre de la vie intérieure. Ils méconnaissent que c’est seulement un bien petit nombre d’êtres particulièrement doués qui peuvent arriver à se perfectionner dans un ambiant défavorable, tandis que le changement d’ambiant agit, au contraire, sur la masse.

Cette influence du milieu sur l’individu ne peut être aujourd’hui mise en doute par personne, sinon par les fanatiques et les ignorants. Que des hommes pacifiques et cultivés soient précipités par un naufrage sur un radeau perdu, sans vivres, au milieu de l’Océan, en quelques jours leur caractère humain disparaîtra ; devenus des animaux furieux, ils se rueront les uns sur les autres pour se manger. Au contraire, que des guerriers brutaux soient transportés dans les délices de quelque Capoue : au bout d’un certain temps, leur fougue se dissipera, ils seront amollis et peut-être accessibles à des sentiments humains.

Et c’est pourquoi tout système pénal est une honte pour l’esprit humain ; c’est une preuve d’ignorance et de barbarie que de punir les effets au lieu de s’attaquer au mal dans ses causes.

Les prolétaires auront-ils la force et les lumières nécessaires pour changer le milieu social ?

Si, pour opérer ce changement, l’aveugle poids du nombre suffisait, certes les prolétaires, malgré leurs divisions intestines, malgré les transfuges et les jaunes,