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âge auquel il voit se fermer devant lui l’usine patronale et tombe à la charge de ses enfants.

Au contraire, à cinquante ans, le bourgeois bien nourri est encore en pleine force. La riche bourgeoise, grâce aux soins d’hygiène trop méconnus de la classe pauvre, peut de même conserver sinon la beauté du moins la santé, tandis que l’ouvrière, dont la jeunesse a passé comme un feu de paille, est à trente ans une créature physiquement flétrie et sans âge.

Peut-on donc s’étonner si de nombreux enfants d’ouvriers préfèrent à cette vie de servage et de misère la vie des réfractaires : les garçons le vol, menant à l’assassinat ; les filles la prostitution ?

Le vol, l’assassinat, la prostitution, il faudrait s’entendre sur ces mots. L’hypocrisie des mœurs et des lois en fait un crime aux pauvres et une gloire aux riches. Qu’un rôdeur mal habillé enlève à un passant son porte-monnaie et sa montre, le tribunal correctionnel l’enverra en prison ; que ce rôdeur appuie son acte d’un coup de couteau, c’est le bagne, la peine de mort n’étant plus beaucoup dans nos mœurs. Enfin qu’une fille ou femme prête son corps à des hommes moyennant argent, on la traitera ignominieusement ; des individus, qui se livrent peut-être eux-mêmes à toutes les débauches, l’inscriront au nom de la plus pharisaïque des morales comme esclave de la police.

Mais qu’un riche exploite le travail de ses ouvriers en leur payant des salaires de famine ou que par une opération de Bourse il ruine des milliers de familles, on le saluera avec respect. Qu’un militaire, sans motifs