Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bourgeois demeure sous son vernis artificiel un parfait ignorant, inapte à comprendre. Peut-être, s’il était possible de remonter à la souche des ascendants plus exactement que par l’état civil qui ne tient pas compte de ce facteur, l’adultère, trouverait-on un simple phénomène d’atavisme.

Cependant, si les bourgeois l’emportent en instruction classique, les prolétaires pourraient l’emporter en instruction professionnelle. Le malheur est que la division du travail, amenée par le développement de la grande industrie, finit par tuer l’initiative chez les ouvriers en courbant ceux-ci éternellement sur la même tâche et les faisant esclaves de la machine. Un homme qui aura passé des années à ne fabriquer que des têtes d’épingles deviendra ou un abruti ou un révolté. Dans le premier cas, quelles aptitudes pourra-t-il transmettre aux enfants nés de sa chair et de son sang ? La résignation morne, coupée peut-être par les ivresses du cabaret.

Fatalement distancés par les bourgeois sous le rapport de l’instruction, les prolétaires seraient, malgré la supériorité de leur nombre, condamnés à la défaite et au servage sans espoir s’ils ne comptaient au milieu d’eux des « déclassés », justement nommés, car ils appartiennent à la bourgeoisie par l’éducation et au prolétariat par la situation économique. Ceux-là viennent apporter aux déshérités du salariat, avec le stimulant de leurs rancunes et de leurs colères, un bagage de connaissances nécessaires pour lutter contre la bourgeoisie qui possède richesse, pouvoir et savoir.