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caractéristique à ces classes. La fortune est la base sur laquelle se crée leur ambiance, se développe leur culture, s’établissent leurs relations. La fortune leur constitue une atmosphère spéciale. Cela est tellement vrai que lorsque le riche bourgeois se trouve, par suite d’une catastrophe, précipité dans le prolétariat, il y étouffe, il lui semble qu’il ne peut pas plus y vivre que le poisson hors de l’eau. De même le prolétaire déshérité arrivant soudainement à la fortune par suite de quelque hasard quasi miraculeux se trouvera presque toujours grisé et, en cherchant à imiter les individus de son nouveau milieu, aura des allures lourdes de parvenu. D’où le proverbe anglais : « Three générations to make a gentleman » (trois générations pour faire un gentleman).

Le savoir est une autre caractéristique, quoique à un degré moindre. Il est bien certain que, d’une façon générale, les bourgeois ont plus d’instruction que les prolétaires parce qu’ils possèdent ce qui manque à ceux-ci, loisirs et fortune, et que, au bout de plusieurs générations les aptitudes acquises ou développées par l’étude peuvent se transmettre héréditairement, formant une sorte d’instinct inné. C’est ainsi que l’esprit de spéculation a pu se développer par atavisme chez les Juifs, confinés dans le trafic par l’intolérance chrétienne ou musulmane, tout comme la mélomanie a pu se développer chez les Napolitains et l’esprit de vendetta chez les Corses. Cependant, il arrive que tel enfant d’ouvriers manifeste une intelligence spontanée, aiguisée par les nécessités de la vie, tandis que tel fils de