qu’on y donne et qui comprend des matières très variées, manque encore, le plus souvent, de méthode et de continuité ; bien des fois, il demeure absolument inintelligible pour les ouvriers qui, armés seulement de leur mince bagage d’instruction primaire, voient s’évanouir leur espoir naïf de s’assimiler la haute science et finissent par s’endormir pendant les conférences ou ne plus revenir. Enfin, à côté d’éducateurs sérieux et dévoués, on compte plus d’un réclamier sans valeur, cherchant à préparer une candidature ou récolter une décoration.
Quant à l’éducation morale, plus importante encore que l’enseignement des arts et des sciences, c’est elle surtout qui se ressent de l’influence du milieu. Confiée exclusivement aux prêtres et aux moines jusqu’à la Révolution française, elle fit pendant des siècles des générations d’ignares fanatiques, applaudissant aux grillades d’hérétiques, à la Saint-Barthélemy et aux Dragonnades. Puis, sous l’influence de l’État, elle devint de plus en plus civique et patriotique, amalgamant les vieilles fables religieuses avec les fictions de liberté bourgeoise, prétendant concilier, selon la formule positiviste, l’ordre, c’est-à-dire l’immobilité, avec le progrès, c’est-à-dire la marche en avant. Aujourd’hui, l’éducation se laïcisant peu à peu dans sa partie morale, comme dans sa partie pédagogique, élimine en France les dogmes religieux, d’une absurdité trop manifeste pour pouvoir, à notre époque d’épanouissement scientifique, subsister ailleurs que parmi des collectivités arriérées, capables de tout