zons ? N’est-ce pas aussi du sein de ces vagabonds que sont sortis les François Villon et les Maxime Gorki ?
Le vagabondage a un côté sordide et un côté idéal. Par l’un il touche au ruisseau, par l’autre à l’azur céleste. Le premier, vagabondage par paresse ou misère, est un triste fruit de la société actuelle : il disparaîtra avec elle. Le second, qu’on a si justement appelé la papillonne, est, au contraire, le produit de cet instinct naturel d’indépendance et de poésie, de ce besoin inné de mouvement pour satisfaire les yeux et les muscles. C’est une chose saine qu’il faut respecter. L’idéal pour une société n’est point qu’elle soit formée exclusivement de producteurs réguliers et sédentaires, remplissant automatiquement leur œuvre et que le caprice, la fantaisie, la passion, soient impitoyablement proscrits. Cette morne uniformité serait non l’égalité sociale mais l’intolérable étouffement, la mort intellectuelle. Au contraire, l’être humain en se développant acquiert des besoins naguère ignorés, parmi lesquels ceux de se déplacer, de voir et connaître du nouveau. Quelquefois, souvent même, la satisfaction de ces besoins entraîne des déceptions et des amertumes ; il n’en est pas moins vrai que l’ascétisme, le respect aveugle de la tradition, la peur de l’inconnu ont toujours été autant d’obstacles au progrès, à l’élévation du niveau de bien-être et de liberté.
Le travailleur qui, entraîné par une humeur vagabonde, passera des climats sévères du nord aux paysages ensoleillés du midi, des villes aux campagnes et réciproquement, ne cessera pas de produire. Au con-