Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la bourgeoisie capitaliste et du prolétariat travailleur équivaudrait à celle du tigre et du mouton. Les antagonismes de classes ne peuvent disparaître qu’avec les classes elles-mêmes dans la transformation révolutionnaire de la société, amenée par la double évolution économique et intellectuelle. Toute la philanthropie réformiste est impuissante à détruire le mal dans sa racine en labourant profond.

D’autres bourgeois venus au prolétariat révolutionnaire ont été poussés par un généreux élan de jeunesse, l’horreur de leur milieu guindé et conventionnel ou attirés par la séduction des théories nouvelles. Mais il leur faut pour demeurer dans l’ambiant ouvrier, si différent du leur, une force de volonté soutenue que la plupart ne possèdent pas ; aussi voit-on fréquemment ces transfuges, après avoir jeté leur gourme, retourner à la classe d’où ils étaient sortis et se montrer férocement méprisants ou haineux de la plèbe dont ils ne peuvent supporter plus longtemps le contact. C’est ce qui fait que tant de fougueux révolutionnaires finissent dans la peau de conservateurs renforcés : les renégats sont toujours les plus violents ennemis du parti qu’ils ont quitté.

De jeunes bourgeoises intelligentes et courageuses, dont la famille voudrait faire des poupées, osent s’insurger aussi contre leur milieu. Moins nombreuses que leurs frères de classe en révolte, elles sont souvent plus intrépides et plus constantes ; il leur faut une fermeté plus grande pour braver les préjugés de leur milieu, car, même dans la bourgeoisie dirigeante, la