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nécessaire; peut-être aussi par lâcheté, n’osant pas agir différemment des autres personnes de sa classe. Car la lâcheté et l’hypocrisie sont avec l’égoïsme les vertus théologales du bourgeois. Il admet fort bien que son fils, à partir de l’adolescence jusqu’à l’heure solennelle du mariage, « jette sa gourme » — c’est l’expression consacrée — avec des filles de prolétaires, destinées au rôle de chair à plaisir. Mais en même temps, il affichera à l’égard de celles-ci le mépris le plus féroce, demandera contre elle la mise en carte par l’État proxénète et le maintien de la police des mœurs, tandis que son rejeton, rassasié d’amours illégitimes, ira, le front haut, souriant, félicité par parents et amis, convoler avec une héritière à laquelle il apportera les restes de sa virilité.

Nulle prostitution morale et physique n’est aussi répugnante que celle-là, car elle n’est pas déterminée comme celle de la pierreuse par l’impérieux besoin de vivre et elle a lieu pour toujours, selon l’Église, ou pour jusqu’au divorce, selon l’État. Au moins la prostituée ne livre que son corps et pour quelques instants ; ses multiples maris n’ont point de prise sur elle, une fois l’acte génésique accompli, tandis que l’épouse, déclarée mineure par le Code, demeure propriété maritale.

Moins dégrossi et plus brutal que le bourgeois, le prolétaire, du moins, possède, en général, une sincérité plus grande. Il n’a pas à ménager l’opinion du monde ; aussi farde-t-il peu ses sentiments. Sa conception de la morale, sauf en ce qui touche à l’union libre, est encore