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ou dévier la marche jusqu’ici ascendante de la bourgeoisie.

Or, il est indéniable qu’une partie de la petite bourgeoisie, vaincue par les concurrences économiques, tombe chaque jour dans la masse prolétarienne à laquelle elle apporte le levain de ses colères et des connaissances supérieures. Bien que les ouvriers aient de bonnes raisons pour se défier des nouveaux venus, transfuges de classe par force, et pour vouloir les empêcher de recréer une aristocratie au lendemain de la révolution sociale, il est incontestable que ces éléments sont d’une énorme utilité à condition de rayonner sans chercher à tout absorber. Le prolétariat ne doit pas seulement être le nombre : il doit être aussi la capacité et cette capacité, ce n’est pas l’instruction primaire, oubliée dans le servage de l’atelier, qui peut la lui conférer. Professeurs et techniciens, recrues éminemment utiles, permettront au prolétariat de lutter à égalité avec la bourgeoisie capitaliste : l’appoint du nombre pourra alors déterminer la victoire.

Les boutiquiers, petits propriétaires et même bureaucrates, formant la partie inférieure de la bourgeoisie, se distinguent du prolétariat bien plus par une correction de langage et de manières que par une culture réelle. Avec son ignorance, l’ouvrier, quand de longues années d’atelier, le travail écrasant et la misère ne l’ont pas entièrement déprimé, peut être accessible à une inspiration élevée, à l’enthousiasme et aux élans généreux ; le petit bourgeois presque jamais. Il a perdu le sentiment et n’a pas encore — sauf exceptions — acquis