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vaux. Il rentre à sept heures du soir. Il gagne trois francs par journée ouvrable (dix-huit francs par semaine non coupée de jours fériés). Et ce sont là les seules ressources de la maisonnée. La mère, le père et les cinq enfants habitent cette unique pièce. On y dort, on y fait la cuisine, on y mange. Dans le lit dorment la moribonde, son mari et deux enfants. Les trois autres reposent dans les berceaux contigus.

« Autrefois, on faisait aussi la lessive dans cette chambre et le linge de la malade était mêlé au linge des bien portants. Le Preventorium — dont les ressources sont très modestes — lave maintenant le linge de la famille ; il donne un litre de lait par jour, deux kilogrammes de viande par mois ! Cette femme est tuberculeuse au troisième degré. Sa mort est imminente. Causes de la maladie : surmenage, privations ».

Après avoir cité d’autres exemples aussi navrants, décrit les cours emplies de détritus ménagers et traversées par des ruisseaux d’eaux grasses, épaisses et puantes, les linges mouillés étendus pour sécher dans l’unique pièce, la promiscuité des déshérités couchant pêle-mêle sur des paillasses sans draps, l’obscurité qui contraint dans certains logements à allumer la bougie dès deux heures de l’après-midi, les miasmes d’escaliers sans rampe où des Italiens, fabricants de statuettes, disséminent une âcre poussière blanche, Léon Bonneff conclut :

« Les conditions d’habitation étaient les mêmes partout : généralement une pièce sans air ni lumière