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toute minute. Le tremblement de terre qui entr’ouvre soudainement des abîmes, le torrent de lave qui érupte du volcan et se précipite dans les vallées, sont la résultante d’une longue suite d’actions latentes : leur œuvre n’en est pas moins catastrophique.

L’élément réfractaire agit en dissolvant au sein de la société à laquelle il ne peut s’assimiler. Lorsque l’œuvre est suffisamment accomplie, surgit le cataclysme révolutionnaire, analogue à ce tremblement de terre et à ce torrent de lave. Il disloque, pulvérise et disperse ce qui était déjà ébranlé.

Dans la société romaine des ive et ve siècles, existaient des castes ou des classes correspondant plus ou moins à celles d’aujourd’hui. C’étaient : le patriciat, la plèbe, les affranchis qui, s’élevant parfois très haut, constituaient dans leur ensemble une classe peut-être plus favorisée que celle des plébéiens[1], les esclaves, les barbares. Quant aux mendiants, détritus social, ils s’étaient multipliés prodigieusement depuis que le christianisme, prêchant l’humilité, la résignation, la charité, adoucissait les mœurs farouches des malfaiteurs mais aussi éteignait les nobles colères des révoltés. Le christianisme, insurrection sociale et morale à son

  1. Au moins économiquement, car tout esclave en devenant affranchi recevait de son ci-devant maître quelque témoignage de munificence, pécule ou métairie qui lui assurait une garantie d’existence manquant souvent au plébéien libre.