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demeure la grande pourvoyeuse de la prostitution, et une transformation du milieu économique, en universalisant le bien-être, sauverait ce 63 % de malheureuses. Mais il est bien évident aussi que les rejetons de pareilles mères doivent présenter dans leur organisme les tares causées par la syphilis et l’alcoolisme, compagnons inséparables de la prostitution, et que ces tares pourront finir par se fixer héréditairement en s’aggravant si le milieu demeure néfaste, en s’atténuant s’il est amélioré, en disparaissant peut-être entièrement s’il est tout à fait changé.

On sait comment dans toutes les grandes villes du monde dit civilisé est organisée la traite des blanches. Des agences clandestines fonctionnent à Londres, Paris, Berlin, Rome, Genève, etc. pour fournir de chair féminine les maisons de prostitution des pays les plus éloignés : l’Australie, l’Argentine ou le Transvaal. De misérables courtiers ou racoleurs attirent par leurs promesses des filles de campagne, des orphelines en quête de place ; une fois qu’elles sont tombées en leur pouvoir, elles y restent fatalement. Ce ne sont pas les efforts de quelques philanthropes, les uns bien intentionnés, les autres simplement réclamiers, qui pourraient les tirer du profond abîme. D’ailleurs la prostitution est considérée par l’immense majorité des bourgeois législateurs, fonctionnaires ou simples particuliers comme un « mal nécessaire ». Sans elle, les Don Juan iraient perturber de leurs ardeurs et souvent contaminer de leurs maladies infectieuses les honorables foyers bourgeois !