de mariage d’argent. Cette seconde forme de prostitution est même plus répugnante que la première parce qu’elle est plus hypocrite et que, n’étant point imposée par une inexorable nécessité, elle prétend au respect. La mariée qui, prostituée légale, aura vendu à un individu son corps pour un titre, ou une situation, méprise férocement la pierreuse qui se livre à plusieurs individus pour manger ; l’épouseur d’une dot est entouré d’une considération qu’on refuse au « marlou » exploitant sa « marmite » !
Lombroso et Ferrero ont donc manqué de tout esprit philosophique lorsqu’ils ont bourgeoisement proclamé la supériorité physique et morale de la femme « honnête » sur la prostituée. Honnête celle qui se sera vendue ou laissé vendre pour la vie par des parents proxénètes à un épouseur qu’elle n’aimait pas, le plus souvent même qu’elle ne connaissait pas ! Malhonnête celle qui se sera livrée temporairement à plusieurs individus pour avoir du pain et qui, étant tombée dans l’enfer de la prostitution, y sera restée !
Tout au plus ces deux anthropologistes auraient-ils pu proclamer la supériorité physique et intellectuelle — intellectuelle, non morale ! — des femmes non qualifiées prostituées sur une partie de celles adonnées à la prostitution réglementée et l’exerçant couramment.
Malgré leur tendance à découvrir partout des stigmates de dégénérescence, les deux savants précités sont obligés d’admettre que 63 % environ des prostituées n’en présentent aucun.
C’est donc, de leur aveu implicite, la misère qui