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DEUXIÈME PARTIE

LA PUISSANCE DE L’OR


I

LES MINEURS SE RECUEILLENT


Dans son cabinet de travail, le docteur Paryn, assis devant sa table, surchargée de papiers, était pensif.

Depuis nombre d’années, il vivait à Climy, en pleine contrée agricole, au milieu des paysans qui l’aimaient, parce qu’il voyait en eux des hommes et non des clients possibles. Des clients, il n’eût eu qu’à s’installer à Chôlon ou à Môcon, pour en avoir plus qu’aucun de ses confrères, car il joignait à une compétence médicale reconnue, ces éléments de réussite, plus puissants encore, les relations et la fortune.

Mais sans dédaigner l’exercice de sa profession, il se sentait invinciblement attiré vers la politique. Républicain intransigeant, socialiste de tendances, encore qu’il demeurât en dehors de toute école, il se disait que la République n’existait en France que de nom et de cette fiction il eût voulu faire une réalité. Dans son département, pourtant l’un des plus avancés, il voyait combien il y avait à faire : partout l’administration était aux mains des réactionnaires, le clergé continuait à donner le mot d’ordre, la magistrature se montrait foncièrement conservatrice, les préfets et sous-préfets se succédaient et se ressemblaient, n’ayant qu’une pensée : plaire à la fois au ministère et aux gros bonnets locaux. Dans les discours officiels, c’étaient toujours les mêmes clichés qui revenaient : « progrès pacifique, sage liberté, pros-