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l’installant dans un fauteuil, lui frictionnant les tempes avec du vinaigre et finalement lui appliquant sur la tête une grande compresse d’eau sédative.

Au bout de quelques minutes, Geneviève rouvrit les yeux ; un soupir s’échappa de sa poitrine.

— Merci ! murmura-t-elle.

— Courage, ma pauvre amie ! lui dit affectueusement Panuel.

Sous l’influence de cette voix affectueuse, la jeune femme acheva de reprendre conscience.

— Panuel, dit-elle en serrant fortement les mains du menuisier, est-ce que ce n’est pas un rêve ? Ce prêtre…

— Ne parlons plus de ce gredin… il a eu son compte. Comme je me réjouis d’être arrivé à point !

— Et Albert ?

Geneviève ne songeait plus au misérable vicaire, fuyant honteusement après son attentat non consommé. Toutes ses pensées se tournaient vers son mari.

— Ils l’ont pris ; ils vont soulager contre lui leur vieille haine et celle qu’ils nourrissaient contre son père.

Et elle raconta à Panuel le mystérieux dépôt du revolver, des cartouches et des imprimés.

— Un complot policier ! cela ne fait pas de doute, répétait le menuisier en l’écoutant le cœur serré.

Le père avait été frappé par l’Empire, le fils allait-il l’être par la République ?

— Écoutez, dit-il, c’est une épreuve… dure, oui, mais il ne faut pas se désespérer. On verra bien l’infamie des mouchards ; Albert vous reviendra, vous êtes jeunes l’un et l’autre, sans enfant, ce qui est un bonheur…

Geneviève l’interrompit d’un gémissement :

— Panuel ! je suis enceinte…

Le menuisier pâlit.