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— Vous consoler, dit l’abbé Firot.

Et sa main vint caresser doucement la tête éplorée de la jeune femme.

Geneviève n’avait pas fermé l’œil de la nuit ; depuis quinze heures, c’est-à-dire depuis la trouvaille du revolver et des manifestes, elle vivait dans les angoisses ; toutes les secousses, tous les accablements s’étaient succédé pour elle, la rendant en partie inconsciente. Elle ne sentit pas la main du prêtre et ne protesta point contre son geste bizarre de consolation.

Encouragé, l’abbé Firot se rapprocha, donnant à son contact, d’abord furtif, la force d’une étreinte. De la main qui lui restait libre, il saisit les deux mains de la jeune femme ; sa poitrine amoureuse pressa le sein de Geneviève.

— Venez à moi ! murmura-t-il selon la formule sacrée du divin pasteur.

Et il ponctua cette phrase mystico-charnelle d’un ardent baiser sur les lèvres mêmes de Geneviève.

Celle-ci poussa un cri et se dressa d’un sursaut éperdu : le baiser de l’abbé Firot lui brûlait la bouche comme un fer rouge. Elle voulut se débarrasser de l’étreinte du prêtre ; mais cette étreinte, tout à l’heure insensible, était devenue puissante comme celle d’un boa constrictor soudé à sa proie. Le prêtre maintenant n’était plus qu’un homme, un homme enfiévré de rut.

Maintenant il l’étreignait à la taille et, avec une force stupéfiante chez un être aussi fluet, il lui écrasait les lèvres, lui mangeait la face de nouveaux baisers, auxquels désespérément elle cherchait à se soustraire. Geneviève luttait, mordait et ne pouvait se débarrasser de cet enlacement de reptile qui l’étouffait. Déjà, il la renversait sous lui.

À ce moment, un poing vigoureux s’abattit sur la tête du vicaire et, avant que celui-ci eût le temps de