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— Je l’ignore.

— Parfait. Pourquoi ne dites-vous pas tout de suite que c’est la police ?

Et d’ironique la voix du commissaire se fit menaçante pour ajouter :

— Femme Détras, prenez garde à vos paroles : elles sont bien près d’établir votre complicité avec votre mari. Je ne sais si je ne dois vous faire arrêter.

— Faites-le ! dit Geneviève. Nous sommes tout juste aussi coupables l’un que l’autre.

Elle n’avait pas baissé les yeux devant le regard furibond du magistrat. Ce fut, au contraire, celui-ci qui détourna la tête.

Cependant, arrivaient maintenant d’autres femmes de mineurs. Geneviève reconnut celle de Bochard, ce dernier avait été arrêté avec Jaillot ; puis aussi celles de Ronnot et de Vilaud qui accouraient les dernières, tout éplorées. On venait, à l’instant même, de cueillir leurs maris et de les emmener sans explications, sans seulement vouloir dire où.

Et le commissaire se trouva soudainement entouré du groupe suppliant de ces malheureuses, le conjurant avec des sanglots de leur rendre leurs hommes.

— Monsieur le commissaire, mon mari n’a rien fait…

— Monsieur le commissaire, par pitié, j’ai trois petits enfants !… Si vous nous enlevez notre soutien, nous allons mourir de faim à la maison.

De toutes, Geneviève était la moins prosternée. Accablée, torturée, elle avait cependant retrouvé de l’énergie devant les insultes adressées au compagnon de sa vie. Les autres priaient, pleuraient ; elle se redressait devant ce représentant d’une autorité impersonnelle, inexorable, qui l’écrasait.

— Nom de Dieu ! cria le commissaire. Voulez-vous bien toutes me foutre la paix ! Vous irez les réclamer à Chôlon vos maris. Sergent, faites votre service !