arrêtés, rédigeant des procès-verbaux, prenant des mesures pour l’installation des troupes et la réception des autorités qui allaient arriver. Ce plan, à la préparation duquel il n’avait point participé, s’effaçant discrètement dans un rôle d’aveugle rouage, devant la police secrète qui agissait par-dessus sa tête et dans l’ombre, lui ouvrait pour lui-même des perspectives d’avancement, ce à quoi un fonctionnaire est le plus sensible.
— Monsieur le commissaire…, fit Geneviève.
— Non, je n’ai pas le temps, répondit-il brusquement sans regarder celle qui lui parlait.
Mais Geneviève, repoussant le sergent qui voulait la retenir et s’étant plantée devant lui, il la reconnut.
— La Détras ! exclama-t-il avec l’urbanité habituelle au monde policier. Eh bien, ma petite mère, si vous venez pour me parler de votre mari, je vous conseille de revenir une autre fois. Ah ! le brigand !
— Monsieur, dit la jeune femme frémissante, vous insultez un honnête homme estimé de tous. Que lui reprochez-vous ?
— Un homme ! un homme ! qu’on arrête avec un revolver chargé dans sa main et un paquet de manifestes appelant au meurtre et au pillage !
Le revolver n’était pas chargé, Albert ne le tenait pas à la main et le « paquet » se réduisait à trois ou quatre manifestes, le mineur ayant jeté les autres. Cela, le commissaire le savait parfaitement, mais, pour donner à ses supérieurs la mesure de son zèle, il convenait de corser les choses.
— Si l’on a trouvé ces objets sur mon mari, répondit Geneviève, c’est parce que des personnes qui voulaient le compromettre les ont déposés chez nous à notre insu.
— À merveille ! fit ironiquement le commissaire. Je vois que vous vous êtes donné le mot. Et qui est ce quelqu’un ?