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VIII

SEULE !


Geneviève avait, sans se coucher, attendu son mari jusqu’au jour. Mille angoisses, mille pressentiments la torturaient, l’empêchant de fermer les yeux, fût-ce un instant. Jamais il n’était arrivé à Albert de passer une nuit dehors, que signifiait son absence prolongée ? Que signifiaient surtout l’arme et les manifestes déposés mystérieusement dans leur maison ? Sans doute y avait-il corrélation entre les deux faits ? Était-il possible que les mineurs eussent projeté un mouvement insurrectionnel ? Mais Albert en eût su quelque chose et, confiant en elle, lui eût au moins laissé entrevoir une partie de la vérité, afin de ne pas accroître ses anxiétés.

Non, ce ne pouvait être cela ! Mais alors qu’était-ce ? Un piège ourdi par la police ou par la Direction des Mines, probablement par les deux, pour se débarrasser des ouvriers suspects en les englobant dans un coup de filet ? Plus la jeune femme réfléchissait et plus c’était cette dernière crainte qui prévalait en son esprit.

L’aube vint blanchir le ciel et Albert n’était toujours pas rentré. Que faire ? L’attendre encore ou courir à la mine ? Là peut-être saurait-on quelque chose.

Incapable de demeurer plus longtemps dans cette mortelle incertitude, Geneviève écrivit d’une main tremblante sur une large feuille blanche quelques lignes avertissant son mari, au cas où il reviendrait pendant son absence, qu’elle allait à sa recherche et le suppliant de l’attendre à son tour ou de la rassurer par un mot. Elle laissa le papier bien en évidence sur la table et partit.

Maintenant le petit jour se levait, envahissant le