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Cependant un frisson avait secoué la noyée. Galfe s’arracha à son indécision.

Deux minutes après l’inconnue reposait sur le lit du mineur, chaudement enveloppée d’une chemise de laine et d’une couverture. Galfe lui avait enlevé ses bas et ses chaussures, de grosses bottines aux talons tournés et usés par la marche.

Dans l’unique chambre flambait un bon feu de bois que le mineur avait allumé. Une casserole emplie de café chauffait.

Justement à défaut d’autre chose, il restait à Galfe un peu de café de l’avant-veille. Il pensa que ce liquide chaud achèverait de remettre la pauvre enfant.

Un soupir, faible comme un souffle, s’échappa des lèvres de la ressuscitée. Galfe versa le contenu de la casserole de café dans un gobelet qu’il vint porter aux lèvres de la jeune fille.

— Buvez ! lui dit-il en lui soulevant la tête de la main gauche.

Machinalement, la noyée ouvrit la bouche et laissa le café couler dans sa gorge goutte à goutte.

— Merci ! balbutia-t-elle.

C’était sa première parole.

Le mineur avait pensé juste : la chaleur du café maintenant achevait de la ranimer. Elle soulevait la tête et promenait un regard étonné sur les quatre murs de la cabane.

— Vous voilà sauvée, lui dit Galfe. Ne vous faites pas de mauvais sang et reposez-vous. Quand vous aurez dormi il n’y paraîtra plus.

— J’ai faim, murmura la jeune fille.

Puis aussitôt, comme sous la honte de cet aveu inconsciemment arraché à sa faiblesse, ses joues pâles furent envahies d’une rougeur.

— Faim, pensa Galfe avec amertume. C’était bien un suicide ! Et dire que je n’ai rien pour la rassasier.

Furieusement, il chercha de tous côtés. Il croyait