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lors, on l’avait gardé à la mine. On avait toujours eu l’idée de le rattraper en l’impliquant dans quelque complot.

Au moment même où on l’arrêtait, une demi-douzaine de gendarmes sortant des fourrés se jetaient brusquement, sabre au clair, sur la petite troupe que guidait Janteau.

Il y eut une panique. Les mineurs, bien que plus nombreux et quelques-uns armés, furent saisis de cette terreur superstitieuse qui souvent s’empare d’hommes braves en d’ordinaires occasions, lorsqu’ils rencontrent devant eux un bicorne et une paire de bottes, emblèmes de cette déesse redoutable, la Loi.

La plupart s’enfuirent ; d’autres furent arrêtés après une plus ou moins vive résistance. De ce nombre était Janteau.

On emmena les prisonniers au commissariat de Mersey.


VII

CÉLESTE NARIN


Galfe n’était pas du nombre. Alors que Baladier s’attendait à le voir jouer un rôle important dans cette révolte factice, s’y précipitant tête baissée, en aveugle et en mystique, un incident inattendu l’avait éloigné, ce soir-là, du bois de Varne.

À cinquante mètres de la cabane du jeune mineur, derrière un rideau de maigres broussailles, passait, clair et rapide, un ruisseau, le Moulince, dont les eaux allaient grossir celles du canal du Centre.

Ce soir-là, il sentait la fièvre de ses idées lui brûler le cerveau. Le renvoi des trois mineurs l’avait indigné ; mais ce qui l’indignait bien plus encore, c’était la résignation muette de ce grand troupeau.

Galfe se demandait s’il irait ce soir-là à la réunion