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VI

TRAQUENARD POLICIER


L’attentat avait été machiné de main de maître. Autrement intelligents que le curé, bon pour ruminer de grosses ruses, et que Michet, simple agent d’exécution, l’abbé Firot d’une part, Baladier de l’autre, avaient tracé en détail le plan, soigneusement revu par Drieux.

En faisant renvoyer trois ouvriers, on permettait de présenter l’acte qui allait être attribué aux mineurs, comme une vengeance d’anticléricaux frappés. En agissant le jour même de ce renvoi et au moment où les mineurs se trouvaient secrètement rassemblés dans le bois de Varne, on démontrait péremptoirement la culpabilité de ceux-ci, d’autant plus qu’un certain nombre s’étaient, après coup, mêlés aux faux frères qu’ils ne soupçonnaient point.

L’arrestation pour rire de l’abbé Firot par Michet devenait un fait grave. Enfin, en faisant éclater une cartouche de dynamite à la chapelle après le départ de la bande qui l’avait déjà saccagée, on établissait l’arrivée sur les lieux d’une nouvelle troupe de mineurs, venus pour tout saccager. Il ne pouvait, dans ces conditions, être question d’une échauffourée : il s’agissait bel et bien d’un complot en règle.

Après avoir poussé son cri de : « Camarades, où vous savez ! » Michet avait disparu. Jusque-là, il avait prudemment marché à distance des vrais ouvriers, en avant ou au milieu de ses acolytes. Son déguisement, la demi-obscurité de la forêt, où glissait à peine la clarté blafarde de la lune, n’avaient pas permis de le reconnaître. Mais maintenant le jeu devenait dangereux : il s’engouffra soudain dans l’épaisseur d’un fourré et laissa passer la bande.

Celle-ci n’avait pas remarqué cette disparition et con-