Page:Malato - La Grande Grève.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait lieu le jour même où les mineurs devaient se réunir dans le bois de Varne. Le mouchard escomptait l’indignation générale : tout étant ainsi préparé, la moindre étincelle suffirait pour mettre le feu aux poudres.

À neuf heures du soir, Michet et une quinzaine d’hommes, ses agents connus ou non, se trouvaient réunis dans le bois de Varne, tapis dans les fourrés bordant le sentier qui mène de la chapelle à la carrière. Tous étaient munis de fausses barbes et noircis de suie, complètement méconnaissables. Tous portaient une arme, hache ou fusil.

Michet, ayant compté son monde, leur adressa à voix basse une très courte allocution, tel un général avant la bataille :

— Suivez bien mes ordres et n’oubliez pas, quand le moment sera venu, de gueuler plus fort que les autres. Allons, en avant !

Et, suivi de ses hommes qui marchaient à la file indienne, il se dirigea vers la chapelle.

C’était un bâtiment large de dix mètres et long de vingt-cinq, dont la pierre grisâtre, mangée çà et là par la mousse, attestait la vétusté. L’abbé Firot venait y dire la messe le jeudi, tandis que ses confrères de Saceny-le-Grand et de Nouton la desservaient alternativement le dimanche.

La porte était fermée. Michet s’avança, la hache à la main et, d’un coup qui retentit sourdement, brisa la serrure. Un autre coup jeta bas la porte.

— Donnez-vous la peine d’entrer, dit-il à ses compagnons qui, immobiles et silencieux, attendaient un ordre.

Ceux-ci se précipitèrent.

— Chambardez-moi tout d’importance ! leur cria-t-il.

Puis, il tira de sa poche une fusée et l’alluma la lançant en l’air lorsque la mèche fut à demi consumée. Ce furent la lueur et la détonation de cette fusée