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tait la police. La police nourrie dans la haine du même peuple où elle se recrute, surveillant les soldats qui pouvaient faiblir, et coopérant au maintien de l’ordre capitaliste. En outre, on disait que le préfet venait d’arriver à Chôlon.

— Oh ! ce Jolliveau, ajouta Céleste, on dirait qu’il cherche un massacre. Il a dans le sang la haine du peuple.

— Le peuple ! fit Galfe avec amertume. Y a-t-il un peuple ? Ces malheureux qui se laissent insulter, frapper et arrêter sans résistance, sont-ils un peuple ou un troupeau ?

Chose étrange, le Galfe d’autrefois, celui que son impatience révolutionnaire, mêlée du mépris des endormeurs et des endormis, avait rendu dynamiteur, semblait maintenant revivre.

— C’est ce soir le meeting de la salle des Joyeux, dit Céleste.

— Un meeting !… Oui, ils ne savent que parler ! Ils ne parlent pas, les gendarmes : ils frappent et quelquefois ils tuent !

La jeune femme tressaillit, malgré son courage, du ton presque sinistre dont ces derniers mots furent prononcés par son amant.

Celui-ci, comme perdu dans ses réflexions ou dans un rêve, ajouta :

— Enfin ! allons au meeting !

À quoi répondait cette phrase ? Céleste ne lui avait point parlé de se rendre à la réunion : elle la lui avait seulement annoncée. À quelle impulsion obéissait-il en ce moment ?

— Allons au meeting, répéta-t-elle, étonnée de se sentir un léger tremblement dans la voix.

Ils sortirent de la boutique par une porte latérale. Avant de mettre le pied dans la rue, Céleste se retourna soudainement et étreignant son amant, l’embrassa de toute son âme, sans savoir pourquoi.

Ils demeurèrent un instant serrés l’un contre