dicat rouge violemment extirpé de Mersey et peut-être même quelque monstrueuse machination contre Ouvard, afin de lui arracher le mandat législatif récemment conquis.
Le lendemain, une rumeur courait dans tout Mersey : les mouchards étaient revenus !
Hautain et souriant, Moschin se montrait, en effet, à l’Hôtel du Commerce, accompagné de Michet comme d’un aide de camp. Plétard, Roubineau et quelques autres, en tout une demi-douzaine, qui avaient suivi leur terrible chef dans sa retraite, étaient là pareillement, arrogants, le verbe haut, se promenant de long en large devant l’établissement comme pour constituer à Moschin une garde d’honneur.
— Gare ! Il doit y avoir là-dessous quelque coup de la Compagnie ! se disaient des ouvriers les reconnaissant.
Dans l’après-midi, Moschin, escorté de toute sa bande, se rendit aux chantiers, traversant ostensiblement les rues les plus populeuses de la ville. Au seuil des portes, les commères le dévisageaient avec une intense curiosité, prévoyant quelque chose d’anormal. Aux fenêtres des maisons habitées par des ménages ouvriers, apparaissaient des visages effarés de femmes ; quelquefois s’échappait une malédiction ou une injure, tandis que la bande, impassible, continuait son chemin.
Décidément, ce retour inattendu faisait sensation.
Le soir, à la sortie des puits, les mineurs revirent, stupéfaits, la figure connue et exécrée de Moschin. L’ancien chef policier, goguenard, fumait sa cigarette en compagnie de son ami Troubon et de Michet. Derrière eux, se rangeait le menu fretin des mouchards revenu, grossi d’une partie des jaunes.
La provocation était évidente. Quelques ouvriers ne purent contenir leur exaspération. L’un d’eux jeta à Michet cette insulte ironique :