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prix élevé. Celui sur lequel Galfe avait édifié sa cabane, remplacée maintenant par une véritable habitation, était évalué à huit francs le mètre carré : c’était douze cents francs qu’on lui réclamait.

Douze cents francs à payer en pareil moment, c’était dur et malheureusement la bonne volonté du nouveau maire ne pouvait qu’obtenir des délais, au bout desquels Galfe se fût trouvé tout aussi embarrassé. Les deux amants se demandaient avec douleur s’ils allaient être obligés d’abandonner ce coin de terre auquel les rattachaient tant de souvenirs tristes et heureux ; il leur semblait que ce fût leur vie qu’on voulait leur enlever.

Ce fut dans ces circonstances que Détras vint leur proposer de s’associer à lui pour donner plus d’extension à la Ferme nouvelle par la création d’une annexe. Il s’arrangerait avec le fisc pour l’acquisition définitive du terrain que Galfe et sa compagne continueraient à habiter. Lui, Détras, apporterait, en plus de son activité personnelle, son petit capital et ses facilités de trouver du crédit ; eux apporteraient leur travail. S’il leur plaisait un jour de rompre l’association, éventualité peu présumable, ils pourraient s’entendre avec Détras pour le rachat de leur maison.

À cette proposition si fraternelle, Galfe et Céleste, profondément émus, n’avaient pu répondre qu’en se jetant au cou de Détras.

Et maintenant, la buanderie avait été transformée en étable. Deux vaches et quatre chèvres, appartenant à la petite communauté, paissaient sur les bords du Moulince.

Mais ce n’était pas tout.

Non content de s’être créé des débouchés aux environs de Mersey, Détras résolut d’avoir un dépôt au chef-lieu d’arrondissement. Si égalitaire que fût la petite république, il en demeurait à la tête. Panuel, toujours sagace, n’était plus jeune, Geneviève avait