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dans l’ordre économique, la réédition de la contre-révolution vendéenne venant menacer la révolution française.

Mais, ces syndicats jaunes, il fallait les créer, les constituer solidement, pour empêcher qu’ils fussent du premier coup disloqués par la propagande et l’action des syndicats rouges. Cela demandait du temps : le plus sage était donc de négocier pour endormir les ouvriers, paralyser leur élan et aussitôt la paix conclue — paix qui ne serait qu’une trêve — organiser la défense capitaliste avec des éléments autrement sérieux que ceux de la « Vieille Patrie française ».

Des Gourdes, maintenant, en convenait et même sa femme, sans acquiescer entièrement, n’exprimait plus d’idée opposée.

Restait cependant la question brûlante entre toutes : le renvoi des mouchards de la Compagnie et la dissolution de la police.

Sur ce point, on demeurait intraitable de part et d’autre. Il semblait impossible de rencontrer un moyen-terme lorsque Moschin lui-même vint trouver son patron.

— Monsieur le baron, dit-il, je crois que je viens vous apporter la solution.

— Ah ! voyons, fit des Gourdes. Si vous y arrivez, vous serez fort.

— Voilà : les grévistes persistent à demander ma tête…

— Que je ne leur abandonnerai pas, soyez-en sûr. Les événements ont pu tourner contre nous, vous n’en aurez pas moins été un homme précieux.

Moschin s’inclina devant cet hommage rendu à ses mérites.

— La solution, la voici, dit-il. Je vais m’éloigner de moi-même, spontanément. De cette façon, les ouvriers n’auront plus à insister sur mon renvoi.

— Mais je ne veux pas vous perdre ! Je tiens à vous.