Page:Malato - La Grande Grève.djvu/468

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ouvard, soucieux, s’entretenait de cette grave question avec Détras. Celui-ci lui répondit :

— Coûte que coûte, il faut les faire subsister deux ou trois jours. D’ici là, les choses pourront s’arranger. En tout cas, ils pourront camper à la Ferme ; de la sorte, ils ne seront pas sous la main de la Compagnie. Pour la nourriture, il faudra faire le possible et l’impossible.

Pendant que tous deux échangeaient ces mots, dans la ville éveillée se répandait la grande nouvelle, l’envoi par Schickler d’une armée de secours à la Compagnie du Pranzy et cette armée ouvrière se faisant non pas homicide mais auxiliatrice, refusant de coopérer à l’écrasement des grévistes et fraternisant avec eux. Le cortège prolétarien s’avançait, grossissant à chaque instant, au milieu des clameurs joyeuses de bienvenue et de victoire.

— Vivent les Merséens ! criaient les gens du Brisot en agitant leurs chapeaux.

— Vivent les Brisotins ! criaient les gens de Mersey.

Et, par-dessus ces deux cris, un autre retentissait dans la ville, roulant comme un tonnerre par delà les postes des soldats et des gendarmes pour aller éveiller la terreur ou la rage chez les exploiteurs :

Vive la grève !


XV

VICTOIRE OUVRIÈRE


Le soir de ce même jour, un va-et-vient de personnages à redingotes et chapeaux haut de forme avait lieu entre la mairie, la direction et le siège syndical des mineurs.

Le préfet, informé des événements par le télégraphe, venait d’arriver.

Cette fois, il ne s’agissait plus d’une tournée super-