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syndicat rouge ! » s’éleva comme un écho, suivie immédiatement par celle de : « À bas les jaunes ! À bas les vendus ! »

Rouges et jaunes ! la guerre commençait entre ouvriers, entre les révoltés et les serviles. Quelle en serait l’issue ?

Tandis que la foule s’écoulait au dehors à l’exception des groupes de buveurs, Détras sentit une main se poser sur son coude ; il se retourna : c’était Bernard, la figure sérieuse, les mâchoires serrées dans un rictus de colère.

— Tu as lu le manifeste ? lui demanda ce dernier.

— Oui, la vraie bataille va commencer.

— Viens, dit Bernard. Nous allons en causer.

Il monta, précédant Détras, l’escalier conduisant au premier étage et s’arrêta devant une porte fermée.

— Mon ancienne chambre ! fit Détras.

Ouvard présenta Détras à ceux qui ne le connaissaient pas. Toutes les mains se tendirent vers le doyen des militants de Mersey, l’énergique prolétaire évadé du bagne.

L’amnistié se rappela avec une pointe d’amertume l’époque où, forçat, il était regardé avec mépris par le dernier colon ou garde-chiourme néo-calédonien. Maintenant des députés lui faisaient fête ; pourtant, il était toujours le même homme ! Qu’était-ce donc que l’honorabilité ?

— Citoyens, dit Paryn, maintenant que nous voici réunis au complet nous pouvons causer.

Ces paroles rappelèrent Détras à la réalité : il devint tout attention.

— Je demande la parole, fit Ouvard.

— Parlez ! parle ! lui cria-t-on.

Le secrétaire du syndicat exposa la situation : la grève battait son plein ; le parfait accord entre les mineurs de Mersey et ceux des autres fiefs de la Compagnie mettait celle-ci dans une situation difficile. À l’heure actuelle, le chiffre total des grévistes