— Si on faisait enfoncer la porte par les soldats ? C’est leur métier de recevoir les coups de fusil !
— Ils sont bien mous, ces soldats et ces gendarmes ! Ah ! si tous étaient de la trempe de ce brave monsieur Moschin !
De nouveau, le commissaire frappa la porte du poing, si excité qu’il n’apercevait même pas la chaîne de la cloche. Ce fut Bobignon qui tira la poignée, sonnant fiévreusement, par saccades, tandis que son compagnon répétait, s’exaspérant :
— Ouvrez !… ouvrez donc ! nom de Dieu !… Au nom de la loi.
La porte s’ouvrit toute grande : les deux hommes se trouvèrent en face de Détras.
Pidurier fit un pas en arrière, Bobignon en fit deux.
— Vous désirez, messieurs ? demanda tranquillement Détras.
— Mon commandant, dit vivement le commissaire à l’officier supérieur qui, placidement, regardait et écoutait sans intervenir, faites fouiller ce repaire par vos gendarmes. Tous ces brigands de mineurs s’y trouvent cachés.
— Voyons, d’abord, répondit le commandant.
Et s’adressant à Détras :
— Pourquoi avez-vous ouvert aux grévistes ? lui demanda-t-il sévèrement.
— Tout simplement pour éviter une tuerie, répondit du ton le plus tranquille le propriétaire de la Ferme nouvelle.
— Hum !… Enfin, dites à ces gens de sortir.
— C’est déjà fait.
— Hein ! je vous conseille de ne pas plaisanter avec l’autorité.
Ces mots furent dits solennellement par le commandant Baquet, qui se redressa avec une raideur toute professionnelle, Bobignon et Pidurier se redressèrent aussi.