de celui-ci. Et du bout du plateau, quelques grévistes, s’arrêtant dans leur fuite, se retournaient pour ramasser des pierres et de loin les jeter aux gendarmes.
Le commandement de : « Halte ! » exécuté par les soldats changea la tournure des choses. Instinctivement, les gendarmes s’arrêtèrent ou se replièrent comme si le même ordre leur eût été lancé par leur chef. Sarrazin en profita pour s’échapper des mains de ses captureurs et se glisser entre les chevaux.
— C’est trop fort ! s’écria Moschin indigné. Mais qu’est-ce qu’ils foutent donc ?
Intrépidement, il se porta en avant comme les derniers grévistes évacuaient le plateau. Une pierre, lancée de plus près que les autres, vint tomber à ses pieds : il n’y prit garde.
Cependant, le commissaire de police avait vu avec rage la fuite de plusieurs centaines de mineurs vers la Ferme nouvelle. Et comme les gendarmes demeuraient maintenant immobiles sur le plateau, complètement évacué par les grévistes, il se dirigea, accompagné du maire, vers l’habitation. Le commandant Baquet, sans trop deviner ce qu’ils voulaient faire, les suivit à distance.
Pidurier et Bobignon avaient échangé quelques paroles. Le premier, arrivé devant la porte fermée de la ferme, la frappa du poing.
— Ouvrez ! cria-t-il.
Il attendit une minute : la porte demeurait fermée.
— Ces brigands doivent être en train de se barricader à l’intérieur. Ils sont capables de nous jeter des pierres ou de tirer sur nous quand nous entrerons.
— Vous croyez ? fit Bobignon qui eut un mouvement de recul.
— Dame ! ils sont ici sous la main d’un ancien forçat, un homme terrible.