naissance du droit syndical et réembauchage des mineurs renvoyés, lorsqu’une voix s’écria : « Les gendarmes ! »
En effet, à l’est, une ligne de cavalerie apparaissait s’avançant au pas. Tout aussitôt Canul, obéissant à un mot d’ordre de Moschin, s’écria :
— Nous sommes trahis !
Ce cri de trahison eût pu entraîner une panique effroyable. Ouvard ne lui donna pas le temps d’avoir un écho, il clama :
— Ne vous dispersez pas ! Les gendarmes ne seront pas ici avant cinq minutes. Nous avons le temps d’achever la lecture et de désigner des délégués auprès de la Compagnie. Puis vous vous retirerez tranquillement.
Canul allait réitérer son cri, mais il n’eut pas le temps. Bernard, qui l’avait entendu, s’était frayé un chemin jusqu’à lui. Juste comme il ouvrait la bouche, le mouchard reçut un formidable coup de pied dans le derrière, en même temps que ces paroles menaçantes retentissaient à son oreille :
— Salaud ! s’il y a un traître, c’est toi. Il y a longtemps que je te tiens à l’œil !
Le regard effaré de Canul se baissa devant le regard fulgurant de Bernard. Des murmures éclatèrent autour du mouchard qui, prudemment, fit une trouée dans la foule et disparut.
Ouvard achevait de lire les propositions. Les gendarmes maintenant apparaissaient à cinquante pas, sur un seul rang, prêts à charger. On voyait le commandant Baquet en tête, parcourant le front de sa troupe au petit trot de son cheval noir, et, marchant en serre-files des cavaliers, on put apercevoir un petit groupe d’hommes à pied en vêtements civils. C’était le maire, le commissaire de police ceint de son écharpe, et Moschin.
C’était à cause de la présence de ce groupe allant à pied que les gendarmes n’avaient pas encore