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patrouille en reconnaissance dans le faubourg du Vertbois, toujours histoire de tenir son monde en haleine. La patrouille n’avait rien remarqué et les jeunes guerriers commençaient tout de même à s’ennuyer lorsque, comme la demie de quatre heures venait de sonner, un cri de : « Aux armes ! » retentit.

Moschin se précipita hors de son bureau, le revolver à la main.

— Garde à vous ! commanda-t-il… Mais… où sont-ils ?

— « Les » voilà ! murmura le belliqueux Cabot d’une voix mal assurée, en étendant la main vers le septentrion.

Du regard, Moschin suivit cette direction et il aperçut « un » mineur qui accourait.

— Ils n’ont pas l’air nombreux, fit-il ironique.

— C’est peut-être une ruse de guerre, émit, un peu honteux, le sociétaire de la Vieille Patrie française.

Moschin haussa les épaules, et comme, la sentinelle s’étant repliée, les jeunes guerriers se rangeaient en bataille contre cet unique arrivant, le chef policier tonna :

— Laissez-le passer !

Et, assez haut pour que tous l’entendissent, il ajouta comme se parlant à lui-même :

— Décidément, j’ai de fichus soldats ! Un seul homme leur fait peur.

Cependant, le mineur était arrivé à moins de trente mètres. Moschin le reconnut tout à coup : c’était Plétard, un des hommes de la bande à Michet.

— Qu’est-ce que tu viens faire ici ? lui cria le chef policier en allant au-devant de lui. Ta place était avec tes camarades.

— Chef, répondit l’homme, mes camarades sont en fuite ou assommés.

— Hein ! fit Moschin qui éprouva comme un vertige.