sionnante partie de manille sans s’occuper de la réunion du Fier Lapin.
Moschin, après avoir fait partir Michet et sa bande, demeurait donc tranquille. Les syndiqués seraient mis en fuite à coups de trique et si, dans la soirée, quoique effervescence se produisait en ville, la police et la gendarmerie feraient leur devoir. Pour tuer le temps et faire patienter en les amusant les membres de la Vieille Patrie française, Moschin les passa en revue.
Ils étaient trente-cinq, armés diversement, les uns de Lefaucheux, les autres de fusils Gras, mais ayant tous des cartouches appropriées à leurs armes. Leur doyen, Sylvain Cabot, âgé de vingt-cinq ans, avait été réformé pour faiblesse de constitution au bout de deux mois de service, son père étant marguillier. Du jour où il ne fut plus à la caserne, son ardeur belliqueuse ne connut plus de bornes : il servait de moniteur à ses jeunes compagnons qui n’avaient point encore tiré au sort, remplaçait Moschin lorsque celui-ci était obligé de s’absenter et exhortait ses co-sociétaires à savoir mourir pour la patrie !
La patrie, c’était le coffre-fort du baron des Gourdes !
— Cabot, lui dit à haute voix Moschin en s’arrêtant devant lui, je compte particulièrement sur vous pour me seconder s’il y a lieu.
Le réformé sentit son cœur se gonfler d’orgueil. Ainsi, il était promu publiquement lieutenant du chef policier. Dans son enthousiasme, il cria : « Vive la Compagnie ! » cri que tous ses compagnons répétèrent d’une seule voix.
Moschin, satisfait, approuva d’un : « C’est bien ! En cas de besoin, j’en suis sûr, vous ferez tous votre devoir. » Puis, il plaça une demi-douzaine de sentinelles et, casernant le reste de sa troupe dans un des bureaux, il attendit.
Des heures s’écoulèrent ; Moschin avait déjà plusieurs fois relevé les sentinelles et envoyé une petite