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se battre au lieu de venir au comptoir prendre des demi-setiers ; vainement, il avait tenté de mettre le holà. Ah ! bien oui ! il n’avait pu franchir le seuil de la grande salle et même avait reçu un formidable renfoncement dans les côtes. Si ce n’était pas à dégoûter du rôle d’aubergiste !

Il supputait avec désolation qu’il faudrait bien au moins vingt-cinq minutes ou même une demi-heure pour que la force publique accourût — si elle voulait bien se presser — mettre fin au désordre… ou peut-être l’augmenter. D’ici là, les combattants, s’ils refluaient dans la première salle, auraient le temps d’y tout casser : les bouteilles, les verres, le mobilier et le comptoir ; déjà les tables, bancs, sièges et vitres de la seconde salle n’étaient plus qu’un monceau de décombres.

Tout d’un coup, descendant rapidement l’escalier en face du comptoir, un homme bondit vers cette seconde salle. Son élan inattendu, irrésistible, renversa trois ou quatre individus de la bande, et soudain il se trouva près de Michet. Avant que celui-ci, surpris de pareille attaque sur son derrière, eût eu le temps de se mettre en défense, il était empoigné, à demi étranglé et soulevé de terre par deux bras incomparablement vigoureux, tandis que, d’une voix terrible, l’inconnu criait :

— Hors d’ici tous ou je l’étrangle !

Ce nouveau venu, dont la présence changeait le sort de la bataille, était Détras.


VI

LA DÉFAITE DE MICHET


Une semaine seulement s’était écoulée depuis le retour des Détras et de Panuel et tous trois logeaient encore au Fier lapin.

Pourtant l’amnistié n’avait pas perdu de temps.