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bruit confus, bruit d’applaudissements et aussi de murmures. Du fond de la salle, Laferme, furieux, car il était un des congédiés, lui cria :

— Tout ça c’est trop long ! la grève tout de suite !

À ce moment, une poussée irrésistible jeta les mineurs comme une vague sur la tribune. La petite table, les chaises, le président et les deux assesseurs disparurent emportés, noyés dans le tourbillon humain : de la salle devenue trop exiguë par l’entrée de nouveaux assistants, des groupes refluèrent dans la cour.

En même temps, retentissaient, furieux, les cris :

— À bas le syndicat ! À bas la grève !

Que s’était-il donc passé ?

Tout simplement ceci : Canul, voyant la tournure que prenaient les choses, avait filé à l’anglaise, s’éloignant inaperçu de l’établissement. Puis, arrivé à quelque distance, il avait couru vers les bâtiments de la direction et s’était précipité dans le bureau où l’attendait Moschin.

Celui-ci se tenait à son poste en permanence, présumant que de la réunion des mineurs il sortirait quelque chose de grave.

En renvoyant les vingt-cinq ouvriers le chef policier avait bien supposé que le syndicat, auquel tous appartenaient, ne laisserait pas passer ce coup sans protester. Tant mieux ! c’était sur cela qu’il comptait pour engager lui-même la guerre et briser définitivement ce syndicat de malheur qui avait résisté à ses évictions.

— Eh bien ! demanda Moschin à Canul qui, trouvant la porte ouverte, apparaissait, tout essoufflé de sa course.

— Ils vont décider la grève… Ouvard lui-même est débordé.

— Allons ! c’est le moment, murmura le chef policier.

Il étendit la main sur un timbre. Aussitôt un