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Vilaud témoignait à Galfe une cordialité attendrie. C’était un peu de sa vie passée qui se représentait à lui, l’époque la meilleure, celle où il avait encore du courage et de l’espoir.

Grâce à leur travail opiniâtre, Galfe et Céleste arrivèrent non seulement à subsister, mais encore à faire bâtir, là où s’élevait autrefois leur cabane, la petite habitation en briques.

Le terrain était abandonné, la main-d’œuvre ne leur coûta presque rien. Ils n’eurent guère à payer que l’achat des matériaux ; après quoi Galfe et Céleste se firent maçons. Leur œuvre s’acheva vite, car Bernard, ses amis et quelques anciens de l’époque de la « bande noire » vinrent prêter leur concours. La nuit, au clair de la lune, on eût pu voir tous ces prolétaires, leur journée de travail terminée, piochant, charpentant, maçonnant, unis dans un même sentiment de solidarité avec les deux amants. Parmi eux se trouvaient des ouvriers du bâtiment, aussi la maison fut-elle bientôt construite.

Galfe y adjoignit une petite buanderie, car il avait l’intention d’abandonner peu à peu le colportage pour s’adonner avec sa compagne au blanchissage, se réservant naturellement le plus pénible de la besogne, les courses, livraisons et la grosse lessive.

Ainsi vivaient-ils, travaillant du matin au soir et cependant heureux d’un bonheur inaltéré puisque rien ne les séparait plus.

L’amnistie vint ajouter à leur bonheur en rendant à Galfe non pas seulement ses droits politiques, dont il se souciait peu, mais la liberté d’allures et à tous deux la tranquillité.

Autant, du moins, qu’on pouvait être libre et tranquille à Mersey sous le règne du baron des Gourdes !