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férence pour ceux de forte réaction. Car fils et petit-fils d’officiers de cavalerie, il se sentait des tendances ataviques de dompteur d’hommes ; mais l’éducation, une éducation fortement cléricale, était venue recouvrir de son vernis ces violences sanguines et même assouplir en apparence ce caractère.

Le patronage du parti clérical était pour Jolliveau la meilleure des recommandations. Le vent soufflait doucement vers la réaction, sous la présidence décorative de Félix Faure à l’Élysée et celle de Jules Poireau au Conseil des ministres.

— Oui, murmura la baronne, il faut absolument que Jolliveau soit préfet de Seine-et-Loir avant les élections.

— Espérez, répondit laconiquement le prélat.

Puis ils parlèrent d’autre chose : du prochain pèlerinage à Saint-Jigouille, où Monseigneur devait officier et auquel devait naturellement assister l’élite des dames pieuses, nobles ou bourgeoises de la région ; de la réparation de l’église de Saint-Ambre, de l’érection d’une chapelle à Véran, toutes œuvres auxquelles s’intéressait la baronne et qui l’avaient amenée à Tondou.

— Grâce à vous, lui dit l’évêque, les habitants de Véran pourront prier Dieu. Il y a là une population bien intéressante. Le maire Martine est un brave homme, prêt à nous rendre des services.

Martine était devenu, en effet, le premier magistrat de sa commune. Après avoir mouchardé ses semblables, puis les avoir empoisonnés de mauvais alcools, il avait aspiré à les diriger. Quoi de plus naturel ? Élu sans concurrents, il s’était occupé de la création d’une chapelle. Idée très pratique qui le mettait en rapport avec les gros bonnets de la région et lui valait toute la reconnaissance des prêtres : par eux, si le ministère Poireau durait, il pourrait peut-être décrocher la croix !

Mme des Gourdes s’était intéressée pécuniairement