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abattre Paryn, murmura-t-elle. Enfin, tout n’est pas dit.

Par ces dernières paroles, on peut voir que si l’avenir s’était éclairci pour le maire de Climy, ses ennemis n’avaient pas désarmé.

De tous, le plus dangereux demeurait la baronne des Gourdes, résolue, dans sa froide ambition, à écraser quiconque se dresserait entre son mari et la députation.

Le baron, naturellement, ne ressentait pas à un degré moindre le désir d’arriver au Palais-Bourbon et d’y marquer sa place dans le futur grand ministère de réaction.

Mme des Gourdes voyait plus froidement sans être jamais troublée par les bouffées d’exaspération qui, de temps à autre, montaient à la tête de son mari. Elle ne haïssait point Paryn et cependant, sans haine, l’eût anéanti comme tout autre qui se fût trouvé sur sa route.

Elle avait conseillé à son mari de maintenir une attitude en apparence moins hostile que par le passé à l’égard du préfet et des autorités départementales. Mais, en même temps, elle manœuvrait par l’évêché de façon à faire déplacer ce préfet et amener à sa place quelque fonctionnaire à poigne. Car elle aussi sentait couver le mouvement ouvrier et se disait qu’il faudrait, dès le premier jour, l’écraser impitoyablement. Or, le préfet Blanchon eût été capable, sinon de sentimentalisme, du moins d’hésitation.

Peut-être même, si cet éveil ouvrier s’annonçait puissant, conviendrait-il de provoquer son éclosion prématurée afin de l’écraser à la veille des élections. Celles-ci, se faisant au lendemain du conflit, avec les éléments ouvriers matés et les éléments bourgeois terrorisés, seraient infailliblement réactionnaires : le baron passerait.

Quelques jours après cette conversation avec Moschin, Mme des Gourdes prenait le train pour Tondou