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sépare encore des élections générales. Nous reparlerons de cela plus tard.

Malgré cela, il ne pouvait s’empêcher de regarder du côté du Palais-Bourbon. Il eût voulu se mesurer avec les porte-paroles du parti réactionnaire, démasquer leurs visées, leurs tentatives d’étranglement de la République, conclure une entente entre l’avant-garde radicale et le socialisme ouvrier. Il sentait qu’il manœuvrerait à l’aise sur le champ de bataille parlementaire et par moments, quoi qu’il eût dit aux électeurs de Chôlon, frémissait d’impatience de s’y trouver.


II

LA STRATÉGIE DE LA BARONNE


— Alors, vous croyez, Moschin, que ce Canul pourrait faire au besoin un candidat pour la forme ?

— Je le crois, madame la baronne. D’ailleurs, on le stylera.

— Il a un nom ridicule, mais enfin, pour un candidat ouvrier !…

Cette conversation avait lieu dans le cabinet même de des Gourdes, entre la baronne et Moschin.

La première qui, au physique, n’avait ni embelli, ni enlaidi, était, au moral, demeurée la même.

Le second était toujours l’homme audacieux et sans scrupules, avec une allure militaire encore plus accentuée depuis qu’il était devenu président de la Vieille Patrie française.

— Nous avons un an devant nous pour tout préparer, fit Moschin, en caressant sa forte moustache noire d’un geste qui lui était machinal. Nous avons huit chances sur dix de vaincre.

La baronne hocha la tête.

— Nous en aurions une de plus si nous avions pu