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venu. Il tâcherait d’obtenir un dépôt de journaux, brochures et livres, qu’il vendrait non seulement à Mersey, mais dans toute la région, condamnée à s’abreuver de littérature conservatrice et religieuse, il ferait matin et soir la tournée dans les petites localités voisines. En même temps, car ce commerce lui rapporterait à peine un morceau de pain sec, il s’adonnerait dans ses loisirs à des ouvrages de vannerie, un métier qu’il avait appris autrefois. Le tout réuni lui rapporterait peut-être de quoi vivre.

— Vous pouvez compter sur moi, lui dit le maire de Climy. Outre le dépôt de l’Union populaire, je me charge de vous procurer par mes relations celui de l’Avant-Garde de Lyon et du Fanal marseillais. En attendant, prenez toujours ceci, c’est un prêt que vous me rendrez, lorsque votre situation vous le permettra.

Il lui glissait dans la main un billet de cent francs qu’il venait de tirer de son portefeuille.

— J’accepte, répondit simplement Bernard, parce que, grâce à ce prêt, je suis sûr de pouvoir travailler et m’acquitter envers vous.

— Oh ! rien ne presse, fit Paryn quittant le courageux prolétaire avec une cordiale poignée de main.


XXX

L’AGRESSION


Bernard était devenu vendeur de journaux. Le matin, à cinq heures, il se levait et partait prendre livraison à la gare du ballot d’imprimés arrivé par le premier train. Puis il se mettait en route, parcourant les localités voisines, tout d’abord celles dans lesquelles il n’existait point de dépôts de journaux et terminant par Mersey, où il rentrait à temps pour se trouver sur le passage des mineurs se rendant aux puits. Après quoi, sa tournée étant finie, il rentrait