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tifs empourprèrent l’abîme au-dessous de l’ascenseur.

— Il est temps ! murmura Paquet.

À peine avait-il achevé, une détonation sourde et prolongée retentit dans les profondeurs de la mine, une flamme pourpre se réverbéra sur les parois du puits, tandis qu’une colonne de vapeurs épaisses et invisibles montait, venant suffoquer ceux de la cage.

Un même sentiment d’angoisse étreignit tous les cœurs. Personne ne pouvait ignorer ce que signifiait cette détonation.

L’incendie et le grisou s’étaient rencontrés : l’explosion venait de se produire.

Instinctivement l’ingénieur avait étendu la main pour sonner la remonte de la cage : Bernard lui saisit le bras.

Le geste du premier était déterminé non par la terreur du grisou — maintenant la catastrophe avait eu lieu — mais par l’impossibilité de respirer. Le geste de Bernard était dû, non seulement à l’intrépidité et à la hâte de porter secours aux survivants, s’il s’en trouvait, mais à la présence d’esprit : le mineur savait que l’acide carbonique dégagé allait, entraîné par son poids, retomber au fond du puits, permettant à l’air de redevenir respirable.

En effet, cette montée des vapeurs échappées par l’orifice de la galerie ne dura qu’un instant.

La cage venait de s’arrêter à l’ouverture de la galerie, empourprée d’une lueur sinistre, car l’incendie continuait à ronger les boisages.

Revenu de son trouble, et honteux de l’avoir laissé paraître devant tous, l’ingénieur s’était élancé le premier dans la galerie ; tous les autres l’avaient suivi, appelant les mineurs.

Seul le silence leur répondit. Çà et là gisaient des débris carbonisés qu’on n’eût pu reconnaître pour avoir été des hommes.

Pas un n’avait échappé.