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fonctionnait pas : un câble s’était rompu et il fallait au moins dix minutes pour le réparer. Dix minutes, lorsque les secondes étaient des siècles et qu’on pressentait l’angoisse des misérables enfermés vivants dans les entrailles de la terre, attendant la mort affreuse, inévitable !

Enfin, l’ascenseur fut mis en mouvement. L’ingénieur Paquet et Moschin, vêtus l’un et l’autre en mineurs avec le chapeau de cuir et des bottes, y prirent place ; des volontaires s’y étaient précipités et, parmi eux, l’un des premiers, Bernard.

Le chef mouchard et le mineur se regardèrent sans rien dire. Une catastrophe épouvantable imposait trêve à leur haine réciproque et les réunissait — qui l’eût jamais pu croire ? — dans une action commune.

Paquet et Moschin emportaient chacun une lampe allumée qui brillait comme une étoile dans cette descente au milieu du gouffre noir. Mais cette lumière serait sans doute inutile devant l’aveuglante clarté de l’incendie empourprant les galeries d’une lueur infernale.

La cage s’était arrêtée au premier étage. Là, tout allait bien : il n’y avait qu’un danger, c’était que la fumée, en s’élevant de l’ouverture de la galerie 465, ne pénétrât dans les galeries supérieures et n’y amenât l’asphyxie. Mais c’était peu probable, vu la distance.

Après que l’ingénieur eut échangé quelques mots avec le maître-mineur, la cage repartit. À cent mètres plus bas, il y eut un nouvel arrêt : là tout était encore bien : les hommes qui travaillaient dans les tailles, à l’extrémité de la galerie, avaient été prévenus et, cessant leur besogne, s’étaient massés dans la grande artère pour être à même d’évacuer la mine en cas de besoin sans perdre de temps.

De nouveau, la cage redescendit. On commençait à sentir une chaleur incommodante ; des reflets fugi-