Le feu avait éclaté dans la galerie 465, à trois heures du matin, pour une cause qui demeura toujours inconnue. Les boisages du boyau s’enflammèrent et, avant même que l’alarme pût être donnée à tout l’étage, communiquèrent l’incendie aux galeries latérales. Une série d’explosions partielles balayèrent ces galeries et, terribles comme des décharges de mitraille, couchèrent sur le sol des groupes de mineurs.
Mais ce n’était pas tout, l’incendie maintenant s’avançait avec une rapidité terrifiante dans la galerie principale, léchant les parois, rampant sur le sol comme un gigantesque serpent de flamme.
La rencontre du feu et du grisou dans cette galerie devenait inévitable. Déjà, elle s’était produite de façon partielle dans les boyaux adjacents, où filtraient sous la roche, comme soufflées par d’invisibles bouches empoisonnées, les exhalaisons du terrible gaz.
Aucun ingénieur n’était là, et le maître mineur Faubert, atterré, ne savait que faire. Le conduit des échelles menant à la galerie supérieure demeurait obstrué depuis des mois, la descente et la remonte se faisant uniquement par les cages. Le déblayer eût été chose facile et même rapide, mais les ingénieurs ne voulaient s’occuper que de l’extraction.
Le maître mineur avait ordonné de rassembler, pour en faire une barrière, tout le matériel possible pour retarder la marche de l’incendie.
C’était, tout en l’alimentant, gagner du répit, le temps que mettrait le feu à ronger l’obstacle éphémère élevé entre lui et le grisou. Le signal d’alarme avait été communiqué aux étages supérieurs : la cage n’allait pas tarder à descendre.
— Courage, les enfants ! attendons ! dit Faubert, affectant, pour tranquilliser ses compagnons, une assurance qu’il était loin de posséder.
— Il n’y a pas un instant à perdre pour déblayer