trait que le matin et parfois un moment dans la soirée, laissant le reste du temps la direction à la sœur Angélique.
Cette religieuse, que les malades appelaient respectueusement « ma mère », ne possédait en matière de thérapeutique, que des notions très ordinaires, mais elle était à cheval sur les principes religieux et veillait inexorablement à ce que les malades se missent en règle avec le Créateur. La confession, qu’elle appelait avec une dévotion médicale, la « purgation de l’âme », représentait à ses yeux le remède par excellence.
Qu’étaient-ce, auprès de ce remède spirituel, que les sinapismes et les clystères ?
Paryn s’approcha du lit de Bernard et commença à défaire les bandes qui enveloppaient le front du blessé. Le commissaire le regardait sans dire mot, ne songeant qu’aux suites que pourrait avoir la journée, mais la sœur bondit.
— Pardon, messieurs, dit-elle résolument. Je ne puis laisser faire.
— Ma sœur, expliqua le commissaire, monsieur est médecin…, monsieur le docteur Paryn.
En entendant ce nom d’un radical-socialiste venu à Mersey, pour y provoquer les horreurs de l’anarchie, la sœur se recula instinctivement lançant au docteur un regard qui démentait absolument son nom d’Angélique.
— Le coup a été porté avec une violence sauvage, murmura Paryn. Deux centimètres plus bas, c’était à la tempe ; la mort eût été soudaine. Ils vont bien, les hommes de la bande à Moschin !
Le commissaire ne répondit pas, pour la bonne raison que, gêné, honteux, il n’eût su quoi répondre.
— Il faudra un pansement plus complet : d’abord, donnez-moi de l’eau…
Machinalement le commissaire alla chercher une cuvette que lui-même il remplit d’eau. La sœur, reti-