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Et il désignait Brossel, Renouard et Vallon.

Pour le coup, Pidurier se sentit affolé. Il n’eut plus qu’un désir : se débarrasser au plus tôt de prisonniers aussi gênants :

— Messieurs, dit-il, je regrette que vous ayez complètement méconnu mes intentions. Vous êtes libres… Si je vous ai fait conduire au commissariat, c’était pour vous protéger contre une foule exaspérée… Vous me devez la vie…

Il y eut, malgré la gravité de la situation, un quadruple éclat de rire.

— Vous riez, messieurs. Vous avez tort. Vous êtes venus, appelés ici par des éléments de désordre ; vous êtes venus imprudemment provoquer une population qui, en grande majorité, est attachée à ceux qui la font vivre.

— À ceux qu’elle fait vivre, rectifia Brossel.

— Si je ne vous avais amenés ici entre mes agents et les gendarmes, vous ne seriez pas sortis vivants de Mersey. Maintenant, l’effervescence est dissipée, le chemin de la gare est libre, vous pouvez vous retirer. Je vous ferai même suivre par deux de mes hommes pour vous protéger.

— Merci, répondit Paryn, nous préférons nous protéger nous-mêmes. Mais, avant de quitter Mersey, nous avons un devoir à remplir.

— Lequel ? demanda Pidurier dont l’inquiétude s’accrut et qui eût voulu voir les quatre hommes bien loin.

— Nous assurer de la situation des honnêtes travailleurs qui sont tombés sous les coups des bandits.

— Messieurs, messieurs, cela ne vous regarde pas.

— Pardon, cela nous regarde beaucoup, au contraire. Venus sur l’invitation de ces braves gens, nous avons épousé leur cause. C’est en nous défendant contre les agresseurs qu’ils ont été frappés : nous voulons savoir ce qu’ils sont devenus.

— C’est impossible. Moi-même, d’ailleurs, je