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homme grisonnant, à la figure rouge, à la démarche importante. Une écharpe tricolore lui serrait les reins : c’était le commissaire Pidurier.

— Messieurs, au nom de la loi ! prononça-t-il, solennel, s’adressant au groupe des orateurs.

La foule, habituée au respect craintif, superstitieux, de l’autorité, s’était déjà écartée, quelques-uns des assistants commençant à s’éclipser par peur d’être compromis. Seuls restaient face à face deux groupes : celui de la force publique et celui des orateurs.

— La réunion est interdite et je vous invite, messieurs, à me suivre, continua le commissaire.

Cette fois, un murmure courut parmi les assistants, tandis que Renouard ironique s’écriait :

— Comment donc, n’est-ce pas juste que ce soient les battus qui paient ?

Paryn jugea d’un coup d’œil la situation. La foule apparaissait sympathique, mais les hommes de Moschin se trouvaient maintenant réunis, groupés autour de leur chef, ironique vainqueur de la journée. Un dernier conflit eût été d’autant plus à l’avantage de la bande que la police officielle eût fait cause commune avec elle. Les victimes eussent été les mineurs, dénoncés aux vengeances de l’autorité et de leur patron.

— Mes amis, cria-t-il, demeurez calmes ! Vous avez pour vous le droit, vos maîtres ne sauraient vous l’arracher : nous nous organiserons pour le faire valoir.

Et, se tournant vers le commissaire, devenu de rouge blême de rage, il ajouta tranquillement :

— Nous vous suivrons, mais j’espère bien que ce monsieur, préparateur du guet-apens d’aujourd’hui, va être également invité à vous suivre.

Et il désignait Moschin, qui affectait un calme souriant.

— Je sais ce que j’ai à faire, répondit superbe-