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autres avaient pu gagner le Fier Lapin, grâce au dévouement de Bernard et de sa poignée de camarades qui avaient concentré sur eux tous les coups.

Devant l’auberge, ils trouvèrent une foule assez houleuse, mais formée d’éléments très divers. Une vingtaine de mineurs, de ceux qui avaient promis à Bernard de défendre les orateurs, s’y étaient portés directement, afin d’empêcher la police de des Gourdes d’envahir et occuper exclusivement la salle. Ils s’y étaient rencontrés avec l’arrière-bande de cette police, une trentaine d’hommes environ, tous les autres étant disposés sur le parcours de la gare au Fier Lapin. Le reste de la foule se composait de curieux très mélangés, les uns affectant une dévotion moins réelle qu’apparente envers des Gourdes, les autres, au contraire, intérieurement sympathiques aux organisateurs de la réunion.

La lutte s’était déroulée, acharnée sur la côte des Mésanges sans que cette multitude expectante y prît part et même pût s’en rendre compte. Mais lorsque la demi-douzaine d’hommes échappés au guet-apens apparut courant et laissant derrière elle la dernière mêlée confuse, il y eut un grand mouvement de la foule. Des cris violents de : « À bas les rouges ! » s’élevèrent, poussés par les hommes de Moschin, cris auxquels répondirent aussitôt ceux de : « Vive la République ! Vivent les travailleurs ! » Et comme les gens de la bande voulaient s’élancer, gourdins levés, contre les arrivants, les mineurs aussitôt se précipitèrent pour les protéger. Il y eut une confusion, un commencement de mêlée.

Cependant Paryn s’écriait, haranguant la foule :

— Citoyens, je vous prends à témoin du guet-apens infâme qui nous a été tendu. Vous laisserez-vous terroriser et ravir le droit de réunion par une bande d’assassins ?

— Non ! s’écrièrent quelques voix.