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lait que maintenant elle avait averti Panuel et que celui-ci communiquait à Geneviève la grande nouvelle. À la pensée de l’émotion que devait ressentir sa femme, l’évadé éprouvait lui-même une fièvre et une angoisse indicibles. Oh ! s’il ne s’était agi que de lui, de sa misérable vie, comme il eût couru vers la maison, criant : « Me voilà ! »

Deux heures s’écoulèrent. Martine surveillait toujours l’auberge et Détras surveillait toujours Martine.

À la fin, celui-ci se leva avec un geste de lassitude. Il quitta sa cachette et, s’avançant sur la route, passa à vingt pas de Détras sans le voir.

L’évadé le suivit du regard jusqu’à ce qu’il fût entré à la Belle Aventure. Détras conjectura que le mouchard, qui avait un estomac comme les autres hommes, désirait dîner.

Alors, incapable d’attendre plus longtemps si près de sa femme, de sa fille et de son ami, il se glissa jusqu’à l’auberge. Il en fit d’abord le tour pour s’assurer qu’aucune embuscade n’était tendue pour le moment et que les environs étaient déserts. Puis, arrivé près de la porte et ayant embrassé d’un coup d’œil la salle vide, il s’élança d’un bond, éperdu et tout à coup, se trouva défaillant, transporté comme dans un rêve, Geneviève, sa fille, Panuel l’étreignant sur leur poitrine et mêlant leurs larmes aux siennes.


XXVI

APRÈS LE GUET-APENS


L’agression sauvage de la bande à Moschin contre les orateurs et organisateurs du meeting avait produit à Mersey une profonde impression. Impression d’indignation qui n’osait se manifester et surtout de terreur intense.

Paryn, Vallon, Renouard, Brossel et deux ou trois