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chef les opérations et qui venait de surgir au milieu de sa bande.

Bernard n’eut pas le temps d’en entendre et d’en voir davantage. Un terrible coup de gourdin sur la nuque l’étendit à terre.


XXV

LA FILLE DU TRANSPORTÉ


Berthe, qui n’était plus une toute petite fille, revenait seule de l’école à l’Étoile solitaire.

Dans les premiers temps, Panuel ou quelquefois sa mère l’accompagnait le matin et allait la chercher le soir, à quatre heures.

Mais maintenant, devenue presque grande et raisonnable, elle parcourait toute seule les deux kilomètres qui séparaient l’établissement scolaire de l’auberge.

Depuis le soir où elle avait vu pleurer sa mère et appris en même temps l’histoire de son père, elle n’avait cessé de songer à ce père.

Jamais à l’école la moindre allusion n’avait été faite aux événements de Mersey. La maîtresse était une jeune femme venue de Paris depuis deux ans, aussi peu curieuse que possible et même d’idées relativement avancées qu’elle devait cacher avec soin, l’influence cléricale étant toute-puissante dans le pays où régnait Schickler. Quant aux petites camarades, elles ne savaient rien de l’histoire des Détras.

Berthe avait été d’abord tout joie et rire. Puis, au bout de quelques années, son caractère s’était insensiblement modifié. Les premières choses qu’on lui avait apprises sur son père l’avaient étonnée et son petit esprit s’était efforcé de comprendre bien des points restés mystérieux. Peu à peu, sans cesser d’être franche et affectueuse, elle était devenue réfléchie, étonnant parfois Panuel de ses réflexions.